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La guerre des taxis fait rage à Paris

La guerre des taxis fait rage à Paris

C’EST UN COMBAT QUI VOIT S’AFFRONTER LES ANCIENS ET LES MODERNES.

Au point de se prêter à la caricature : d’un côté, les vieux taxis, obsolètes, crasseux et bougons, jamais là quand on a besoin d’eux, qui infligent à leurs clients captifs des Orly-Paris mémorables, la radio branchée à tue-tête sur la retransmission d’un match de football. Et payables uniquement en espèces. De l’autre, les véhicules de tourisme avec chauffeur, les « VTC ». Ponctuels, serviables, cravatés et simples à commander grâce à une application mobile, ils proposent aux passagers d’écouter la musique de leur choix. Et acceptent les cartes bancaires.

Dans cette lutte sans merci, les derniers viennent de s’organiser au sein du mouvement des « Dodos », largement relayé sur Twitter. Il fédère les fondateurs et gérants des principales sociétés de VTC françaises (Allocab, Chauffeur Privé, SnapCar, Voitures Jaunes, LeCab, Vip Cab Paris). Dans leur ligne de mire, une décision prise le 10 octobre par le ministère de l’intérieur. Il leur demande d’observer à partir de janvier 2014 un délai de quinze minutes entre la réservation et la prise en charge d’un client.Une mesure perçue comme une faveur accordée aux taxis… tandis que ces derniers pestent, eux, contre une autre disposition prévue sur le même dossier : l’octroi de 1 000 nouvelles licences de taxi, pour répondre à la demande des Parisiens, notamment les soirs de week-end.
Sur les boulevards parisiens, la tension monte d’un cran entre les 17 500 taxis et les quelque 2 000 VTC, sans oublier les moto-taxis. « Des regards puissants, des petites queues de poisson, des insultes », observe Christian, taxi depuis dix-sept ans dans la capitale. Les chauffeurs brocardent leurs nouveaux concurrents, qui parfois viennent de leurs propres rangs : des « men in black », des « smicards en costard », s’amusent-ils. « On croise parmi eux des voyous, des chauffeurs négligents radiés par la commission de discipline de la profession. On a même vu, à Orly, un moto-taxi avec un bracelet électronique à la cheville », prétend Jean, un chauffeur confirmé qui a « fait vingt-cinq fois le tour de la Terre » au volant de sa voiture. La rivalité atteint son paroxysme lorsque les uns sont soupçonnés d’occuper l’espace des autres. Une photo qui circule sur Internet montre une « Voiture jaune » de la compagnie de VTC du même nom, dont le logo est facilement reconnaissable, garée sur une station de taxis. « C’est arrivé une fois : le conducteur s’achetait un sandwich, modère Mathieu Guillarme, PDG de Voitures jaunes. Nos chauffeurs, en grande partie salariés, s’engagent à ne pas recourir au racolage ni à emprunter les couloirs de bus. »N’ayant en effet pas le droit de charger à la volée des clients ni de stationner sur la voie publique, les compagnies de VTC jouent sur les apparences pour attirer la clientèle étrangère. Elles usent et abusent par exemple du mot « cab » et de la couleur jaune, apanage des professionnels new-yorkais. On a même vu dans une rue de Paris une limousine noire, semblable aux taxis londoniens, surmontée d’un arc de cercle lumineux indiquant le nom de la société de transport, Cab parisien.

Mais même parmiles taxis à l’ancienne, la concurrence est rude. On ne compte plus les taxis qui débarquent à Orly avec un client et chargent aussitôt un passager, à la barbe de leurs confrères qui patientent sur le parking depuis une heure. « Dans la profession, on a des copains, mais pas d’amis », résume l’un d’eux, Jean. Tous décrivent un travail rude et pénible, les horaires infernaux, les fêtards défoncés qui sortent de boîte, le mal de dos, les pauses-pipi à la sauvette au bord d’une sortie du périphérique. Selon Christian, « c’est un métier que l’on peut comparer à celui de marin pêcheur ».

source : Le Monde

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